Didier Calame

Conseiller national

Un homme de terrain qui a les pieds sur terre
et dans la terre.

Conséquences de l'interruption des activités de l'USAID sur la coopération internationale de la Suisse

Pour la commission :

Je prends la parole aujourd'hui au nom de la Commission de politique extérieure pour défendre un postulat d'une importance capitale dans un contexte international marqué par l'incertitude et la fragilisation croissante de la coopération au développement.

L'Usaid, la plus grande agence de développement au monde, traverse une crise sans précédent. Le gel des fonds américains menace d'interrompre brutalement des centaines de projets de développement, notamment dans les domaines vitaux de la santé, de l'éducation, de la sécurité alimentaire et de la résilience climatique. Le retrait potentiel des États-Unis touche de plein fouet les pays les plus pauvres, où les besoins sont immenses, mais également de nombreuses ONG partenaires, y compris suisses, actives sur le terrain.

Ce n'est pas un événement anodin. Les États-Unis représentaient en 2024 près d'un tiers de l'aide publique au développement de l'ensemble des pays de l'OCDE. Près de 45 pour cent des fonds humanitaires mondiaux provenaient de là. Aucun autre pays, pas même un groupe de pays, ne peut combler un tel vide à court terme. Pourquoi cela nous concerne-t-il directement ? Parce que la Suisse est un acteur reconnu de la coopération internationale. Parce qu'elle est l'État hôte de nombreuses organisations internationales à Genève. Parce qu'elle a inscrit la santé mondiale comme l'une des priorités de sa stratégie de coopération 2025-2028. Et enfin, parce que nos propres ONG, nos propres engagements et nos propres ressources risquent de devenir inopérants dans les projets que les États-Unis abandonneraient du jour au lendemain.

Face à cette situation critique, que vise le postulat ? Il ne s'agit ni d'une critique ni d'une attaque contre le Conseil fédéral. Il s'agit d'une demande d'informations et de transparence. Quels sont les projets directement ou indirectement menacés ? Quelles seront les conséquences pour nos partenaires sur le terrain ? Quelles options avons-nous pour atténuer l'impact humain de cette crise ? Surtout, comment assurer la cohérence de notre propre stratégie de coopération sans ces informations ?

Le Conseil fédéral répond qu'un rapport ne permettrait pas d'arriver à des résultats concluants, mais, justement, ce flou est problématique. Ne pas disposer de données concrètes, de listes de projets, de chiffres de financement ou d'évaluation d'impact dans une crise de cette ampleur, c'est accepter de naviguer à l'aveugle. Or, ce Parlement a voté une stratégie ambitieuse. Nous avons fait de la santé mondiale une priorité. Comment la défendre sans une vision claire des risques systémiques que pose le retrait d'un acteur aussi majeur que l'Usaid ?

Ce postulat n'impose aucune action immédiate et aucun engagement financier. Il demande simplement au Conseil fédéral d'analyser, de recenser et d'évaluer pour que nous, parlementaires, puissions ensuite prendre des décisions éclairées. Il ne s'agit pas de se substituer aux États-Unis, mais de savoir où, comment et pourquoi leur désengagement pourrait frapper nos propres efforts. Ce que nous faisons aujourd'hui dans ce Parlement, c'est défendre la cohérence de notre politique extérieure. C'est affirmer que la Suisse veut rester un partenaire fiable, lucide et engagé. C'est répondre à une crise en regardant la réalité en face, sans naïveté, mais sans renoncement.

Je vous invite donc à soutenir ce postulat, non pas contre le Conseil fédéral, mais pour la cohérence, pour la responsabilité et pour la transparence.


Didier Calame
Les Planchettes (CH) (NE)

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Mon intervention à la tribune