Feller Olivier (RL, VD): Le postulat que je vous propose vise à charger le Conseil fédéral d'étudier les mesures susceptibles de réduire le nombre d'attaques de distributeurs automatiques de billets de banque et, en particulier, d'examiner l'opportunité d'exiger que ces distributeurs soient équipés d'un système de neutralisation des billets activé en cas d'attaque.

Depuis 2019, la Suisse subit presque chaque semaine une attaque de bancomat. Il y a eu une relative accalmie en 2023, mais entre début 2024 et fin juillet 2024, on en comptait déjà près d'une trentaine. Jusqu'à il y a quelques années, c'était avant tout des attaques dites au lasso qui étaient perpétrées. Dans ces cas, les malfaiteurs essaient d'arracher les distributeurs de billets à l'aide d'un câble pour parvenir aux cassettes d'argent. Mais à présent, les attaques de distributeurs se font de plus en plus souvent au gaz et à l'aide d'explosifs. Or, lorsqu'un distributeur de billets est installé dans un immeuble, les attaques à l'aide de gaz et d'explosifs représentent un danger très sérieux pour les personnes se trouvant sur place ou habitant dans les environs de l'infraction.

Les statistiques actuelles - il y a donc environ une attaque par semaine en Suisse - en disent long sur notre incapacité à endiguer un phénomène qui prend l'allure d'une routine médiatique. Nous avons pourtant une solution à portée de main, qui réduirait ces attaques parce qu'elle en supprimerait tout bénéfice. Il suffirait d'équiper les bancomats d'un dispositif antivol qui asperge les billets d'une encre indélébile et les rend ainsi inutilisables et sans valeur lorsque l'appareil est forcé. Plusieurs pays, à l'instar de l'Irlande, de la Belgique, de la France et de la Suède, ont introduit avec succès une telle obligation sur leur territoire. Nous n'aurions même pas à importer le produit puisque cette encre indélébile est fabriquée en Suisse par une entreprise de renommée mondiale - Sicpa, pour ne pas la nommer. Ce dispositif s'avère efficace, les pays ayant instauré l'obligation d'équiper les distributeurs d'un système de neutralisation des billets ont tous observé une diminution rapide et substantielle du nombre d'attaques.

Le Conseil fédéral propose de rejeter mon postulat. Il semblerait qu'il y ait déjà des réflexions en cours, qu'un groupe d'experts s'est réuni en août 2023 et une seconde fois en avril 2024. Il y a donc des réflexions, c'est bien, mais ces réflexions ne débouchent pas vraiment sur des actions concrètes et rapides. Voilà qu'on propose aujourd'hui de sauver les bancomats en les protégeant par un rideau de fer blindé, ce qui risque en fait d'inciter les malfrats à utiliser des explosifs encore plus puissants, mais surtout, parallèlement, on tend à réduire le nombre de bancomats dans les zones sensibles, entendez aux abords de nos frontières, au détriment des habitantes et des habitants de notre pays. Tout cela est un peu triste.

Pour accélérer le rythme des réflexions actuelles au sein de l'administration et transformer ces réflexions en actes concrets, utiles et applicables à brève échéance, je vous propose d'accepter mon postulat.

Mon intervention à la tribune

Je vous remercie, Monsieur le conseiller national Feller, pour le dépôt de ce postulat, mais je poserai une autre question. Ce n'est pas tout de mettre des peintures ou des produits afin de protéger les billets qui pourraient être volés par de nombreux voleurs. Vous savez tous que ces bancomats sont piégés par des malfrats venus de l'étranger. Cela se passe donc aux frontières. N'aurait-il pas été plus judicieux, cher collègue, de demander le retour du contrôle strict aux frontières, afin d'empêcher le vol de ces bancomats?

Didier Calame
Les Planchettes (CH) (NE)

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